Les espaces sans cloisons ne sont pas la panacée annoncée.Usé de devoir inventer des stratégies rocambolesques pour s’échapper du boulot avant la nuit sans qu’un collègue ne lance : Sale nouvelle : l’open space, cet espace de travail sans cloisons, a encore de beaux jours devant lui.
Pourtant, Actineo, une association regroupant les entreprises de
l’aménagement de bureau, a tenu récemment un débat au titre provocateur. Sans doute s’agissait-il de surfer sur le
succès du livre L’Open space m’a tuer , écrit par deux consultants, Alexandre
des Isnards et Thomas Zuber, écœurés par leur environnement de travail. Le
livre fait de l’open space le symbole du néomanagement faussement transparent,
faussement décomplexé.
Alors que 60 % des entreprises françaises se sont mises à l’open space,
selon Actineo, les bénéfices pour l’entreprise n’ont toujours pas été prouvés,
au-delà du feeling des managers, pour la plupart persuadés que leurs équipes
ont gagné en efficacité. Tout dépend du secteur d’activité ou de l’âge des
salariés concernés. A se demander si le choix de l’open space n’est pas d’abord
une question d’immobilier,selon Actineo, il permettrait d’économiser de
10 à 40 % de mètres carrés et d’idéologie.
L’open space améliore la communication : c’est sûr,
on parle plus à son collègue sur un plateau que d’un bureau fermé à l’autre. On
hurle plus aussi. Et puis quitte à communiquer, pas bégueule, on communique
aussi son stress. C’est ce qu’on appelle «l’effet cocktail». Tout le monde
parle plus fort car personne ne s’entend. Davantage d’échanges, certes, mais
pas de meilleure qualité.
L’open space efface les barrières hiérarchiques : un bureau
près du couloir ? Vous êtes un stagiaire. Dos à une fenêtre ? Bravo, pour votre
promotion. . On y lit pourtant très bien les liens hiérarchiques. AVF Sodexo a déménagé
cette année. Le projet a été présenté lors du débat Actineo. L’entreprise a
consulté les 450 salariés concernés : ils devaient passer de trente ans de
bureaux cloisonnés, à un «full open space».
L’open space permet de mieux surveiller : c’est la
grande réussite de l’open space. Quand ce n’est pas le chef qui jette un œil sur votre écran ce sont les
collègues qui s’en chargent . «L’autosurveillance, c’est économique et très
efficace, estime Alexandre des Isnards. Vous avez une conversation
avec un client dans un anglais approximatif et le collègue pense : "Dire
qu’elle avait mis anglais courant sur son CV…"
Mais le tout-transparence peut se retourner contre ses promoteurs.
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